J’ai envie depuis longtemps de mettre en mots cet aspect de la parentalité qui nous touche tous, sans trop savoir par quel bout prendre les choses. Je rencontre et échange avec beaucoup de parents, mais une après midi de discussion avec Aurélie (Alophea) et les mots se précisent encore. J’aime beaucoup discuter avec elle car son expérience de vie et ses réflexions m’amènent toujours à aller plus loin, de part son regard et son vécu différent du mien. Un gouter partagé chez Anne-Sophie avec en fond sonore 8 enfants de moins de 6 ans (Pfiou..!), et notre condition de parents, nos choix et le pari que nous faisons sur l’avenir avec nos enfants vient dans la discussion. L’écriture suit…
Comment faire autrement que de parler d’eux, quand les enfants sont plus nombreux que nous, qu’ils font plus de bruits, et qu’en plus on les écoute… Mais parler de nos enfants et de nous, en tant que parents et « anciens » enfants, me passionne, autant dans l’évocation de ce que nous étions avant, ce que nous sommes au quotidien aujourd’hui, et ce que nous aimerions devenir à l’avenir. Nous sommes différentes, nos enfants sont différents, nos conjoints sont différents, mais nous partageons, comme avec beaucoup de parents, des questionnements, des retours en arrière, des doutes, des difficultés, et une multitude de petits et de grands bonheurs. Nous sommes tous d’accord pour dire que ce métier de parent est le plus difficile que nous avons eu à faire, qu’il ne ressemble en rien à ce que nous pouvions imaginer avant de le devenir, et que c’est un vrai chamboulement à chaque enfant. Et en même temps, cette évolution à vitesse grand V qu’ils nous poussent à faire est d’une richesse non mesurable. Nous ne serons plus jamais les mêmes et nous ne reviendrions jamais en arrière, quoiqu’il en coûte aujourd’hui (et les quelques années qui vont suivre). Quoique nous faisons justement le pari que ces premières années auprès d’eux, aussi difficiles soient-elles, nous permettront de créer un lien authentique avec nos enfants, d’établir une relation de confiance, qui leur permettra de nous parler s’ils en ont besoin, et de nous écouter lorsqu’ils le sentiront nécessaire.
Pour ne parler que de nous trois présentes aujourd’hui, mais à l’image de chaque famille, nous faisons des choix de couple, pour notre famille, et avec nos enfants. Ces choix sont différents, mais aucun ne vaut mieux que les autres, chaque famille évolue à son rythme et sur le chemin qui lui est propre. Les choix que nous faisons pour nos enfants, peuvent être « guidés » par ce que nous avons appris, ce en quoi nous croyons, ou peuvent être repensé à chaque fois. Lorsque nous prenons des décisions qui sortent un peu de l’ordinaire, de ce que la majorité va faire, nous sommes remis en question sur notre capacité à faire « le bon choix » pour nos enfants, voir nous sommes jugés sur notre capacité à être de « bons » parent (si tant est que cela peut exister en ces termes…). Moi je crois plutôt que lorsque nous faisons des choix différents que ce que nous dicte la société, nous réfléchissons au contraire à tous ces aspects qui feront de notre enfant quelqu’un de différent, peut-être moins en phase avec notre société telle qu’elle est aujourd’hui, mais plus en phase avec lui-même et prêt à accueillir les différences des autres. Et après tout, ce sont eux, nos enfants, qui feront la société de demain… Evidemment que nous ne savons pas si nos choix sont les meilleurs, bien sûr que nous doutons, que nous nous posons des questions sur les effets à long termes, mais personne ne peut non plus nous garantir que nous sommes dans l’erreur… Alors oui, on prends peut-être des risques, en choisissant une autre école que celle du quartier, en ne vivant pas dans une maison, en ayant d’autres objectifs que la réussite sociale, professionnelle, ou matérielle. On parie sur l’avenir en pratiquant une éducation qui sort de la recherche d’obéissance, de pouvoir descendant, de l’adulte « sachant » qui apprend à l’enfant « ignorant ». Mais on l’assume cette aventure, comme chaque couple qui se lance dans la parentalité, chaque mère qui choisit d’allaiter (ou pas), chaque père qui se décide à prendre un congé parental.
Cette question de choix, elle appartient à chacun. Et personne, même avec les meilleures intentions du monde, ne doit pouvoir faire douter les parents de leur capacité à choisir par et pour eux-mêmes. Plutôt essayer de comprendre, accompagner, informer, alimenter les réflexions pour affuter les choix, mais surtout ne pas juger et encore moins condamner. Tout est question de choix…
Superbe article ! Félicitations !!!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci collègue 😉
J’aimeJ’aime