éducation, famille, inclusion, société

Quand nos enfants nous élèvent…

Oui, quand nos enfants nous élèvent, au sens premier : quand ils nous permettent de grandir, nous poussent à aller voir plus loin, nous incitent à chercher au plus profond de nous-mêmes. C’est un changement que je peux vivre depuis que je suis devenue mère. J’avais imaginé beaucoup de choses sur la maternité. Une partie s’est révélée vrai, mais beaucoup de mes croyances étaient fausses ou incomplètes, et surtout j’ai appris beaucoup plus que ce que je pouvais imaginer.

J’avais beau être jeune diplômée éducatrice spécialisée, avec de la théorie dans la tête, et toute jeune belle-mère, avec une expérience de l’éducation un week-end sur deux, tout cela n’avait rien à voir avec le fait de devenir mère. Le chemin de PMA (procréation médicalement assisté) m’a permis de réfléchir à beaucoup d’aspect de la maternité, mais n’avait rien à voir avec le fait de devenir parent. Travailler auprès des familles et des jeunes parents m’a ouvert les yeux sur des aspects inconnus jusqu’alors, mais cela n’aurait jamais suffi à me faire comprendre vraiment ce que pouvait représenter de tenir son enfant dans ses bras.

Donner naissance à un enfant et lui offrir la vie, a été un véritable chamboulement intérieur pour moi. Comment cela pouvait-il en être autrement ? En tant que parent, nous devenons capable de ne plus dormir (ou presque), de manger quand on a le temps (très dur pour moi ça !), de faire passer les besoins de cet enfant avant les nôtres parce que cela nous parait normal et essentiel. On revoit toutes nos priorités. Avons-nous le temps d’y réfléchir ? Non, et ce n’est pas nécessaire, nous faisons ce qu’il faut pour cet enfant, nous nous dépassons, nous nous découvrons des capacités, des résistances que nous n’avions pas avant. Lorsque l’enfant a des besoins particuliers, ces capacités et ces résistances sont multipliées, tout simplement parce qu’il le faut. C’est naturel et essentiel. Les mamans avec un enfant en situation de handicap me disent souvent qu’elles sont agacées qu’on les félicite pour leur courage, parce que ce qu’elles font est normal à leurs yeux. Elles ne pourraient pas faire autrement, même si cela leur demande de déployer une énergie et des ressources monumentales face aux épreuves. Quand c’est pour notre enfant, quel qu’il soit, nous sommes capables d’aller chercher très loin en nous.

On a (et on se donne) pour mission, en tant que parent, d’ « élever » nos enfants. Pour moi, cela veut dire qu’on est là pour leur apprendre les codes sociaux afin qu’ils puissent vivre dans la société qui sera la leur. Leur donner suffisamment d’estime d’eux-même pour qu’ils puissent aller là où ils le souhaitent, et suffisamment d’empathie envers les autres pour le faire dans le respect de chacun. Mais pour le faire, nous sommes obligé de réfléchir aux codes qu’on leur transmet, sans oublier en plus qu’ils nous interrogent sur le sens de ces codes (les petits malins) !

  • Nous voulons qu’ils croient en eux, mais croyons nous en nous-même ?
  • Sommes nous capables de dire que nous sommes là où nous souhaitons être ?
  • Sommes nous en mesure de leur montrer que chacun, parce qu’il croit en ce qu’il est et ce qu’il fait, peut tracer le chemin qu’il veut ?

Nous voulons leur apprendre à respecter l’Autre, dans ses différences, ses difficultés, avec ses défauts et même lorsqu’il ne pense pas comme nous. Mais pouvons nous leur montrer comment communiquer avec un Autre différent ? Savons nous déjà comment comprendre un Autre qui ne communique pas comme nous, n’a pas les mêmes codes, la même langue, ou le même mode de communication ? Comment les amener à accepter que chaque être humain est différent, a ses propres limites et ses propres capacités, lorsque parfois nous-même en tant qu’adulte ne savons pas comment en parler ?

Si nous voulons atteindre ces objectifs (j’ai fait soft, je me suis arrêtée à 3, je ne parle pas de la peur de l’échec ou de la gestion de la frustration…) nous sommes obligé de nous regarder, de trouver ce qui nous empêche d’avancer, de chercher ce qui nous fait peur chez l’Autre, nous repousse ou nous gêne dans des comportements, des mots ou des croyances. Nous devons, pour être honnête avec nous-même et nos enfants, aller chercher dans notre histoire ce qui impacte notre regard et notre vie d’adulte. Nous avons le devoir de chercher à comprendre pourquoi dans une situation particulière nous sommes débordé par nos émotions, voir même si nous sommes en mesure de les accepter. En bref, on ne peut rien exiger de nos enfants que nous ne mettons en pratique nous-même, quelle que soit la méthode que nous choisissons pour avancer (échanges entre parents, rendez-vous avec un psychologue, méditation, lectures…).

C’est en cela que nos enfants nous font grandir lorsqu’on prend le temps de les écouter et que l’on essaye de les comprendre : ils nous poussent à devenir meilleur, à être honnête avec nous-même, à mieux nous accepter, à respecter chaque être humain et finalement à vivre plus en accord avec ce que nous sommes vraiment.

Peut-être même que ce sont eux qui nous (ré)apprennent à vivre, vous ne croyez pas ? 😉

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