éducation, famille, inclusion, société

Peut-on prendre le risque d’être bienveillant ?

La question du rapport à l’autorité, au respect des règles, revient souvent dans les discussions concernant l’éducation bienveillante. Doit-on laisser l’enfant dire tout ce qu’il veut ? Doit-on le laisser remettre en question ce que dit l’adulte ? Est-ce de l’insolence ? Est-ce un manque de respect que de contredire l’adulte lorsqu’on est un enfant ? Est-ce enfreindre une règle de notre société que de ne pas obéïr à l’ordre d’une personne ?

Si nous parlons de notre position d’adulte, je pense que je peux affirmer au nom de la majorité que nous n’aimons pas nous faire « disputer », que ça soit par un supérieur hiérarchique ou quelqu’un qui estime savoir mieux que nous ce que nous aurions dû faire. Cela nous ramène dans une position d’infériorité et on se sent mal à l’aise, voir humilié. Parfois nous n’avons même pas eu l’opportunité de nous défendre ou nous expliquer, et cela peut vraiment nous déstabiliser et nous mettre en colère. Connaissant les sentiments que ce type de situation fait ressentir, pourquoi l’imposerions nous à nos enfants ? Pensons-nous qu’ils accepterons mieux ces humiliations lorsqu’ils seront adultes si nous les habituons à ce genre de relations avec des « supérieurs » ? Si nous partons de ce dernier postulat, il me semble qu’il serait bien plus utile de leur apprendre à écouter l’autre et s’écouter eux-même, à s’exprimer dans le respect de chacun, et à agir en accord avec leurs sentiments et leurs convictions. Simplement se respecter et respecter l’Autre, quel que soit ses différences, son expérience, et sa position.

Car aucun être humain n’est supérieur à un autre et aucun ne devrait se sentir en infériorité face à un autre. J’entends ceux qui me disent « oui, mais au travail, on n’a pas le choix… ». Mais ma réponse est la même : il y a des hiérarchies, au niveau des responsabilités, des postes occupés, des formations professionnelles, des connaissances de l’entreprise, etc… mais à aucun moment concernant la valeur de l’être humain. Avoir un poste avec des personnes à manager devrait plutôt exiger une empathie exemplaire et une prise en compte de l’autre dans toutes ses potentialités et ses besoins, plutôt qu’un besoin de soumettre les autres par la crainte et la menace de l’autorité. Je suis peut-être utopiste, mais je ne vois pas comment nous pouvons parler d’une évolution de la société si nous allons dans l’autre sens…

C’est là que la bienveillance dans l’éducation me semble de plus en plus primordiale.

Faire en sorte de nous comporter comme nous aimerions qu’ils se comportent, aujourd’hui et lorsqu’ils seront adultes. J’ai déjà entendu « les enfants se construisent par imitation, mais aussi par opposition, ce que l’éducation positive ne permet pas ». Ce type de préjugé (parce que c’en est un) me dérange, parce que dire cela c’est ne pas connaître (et surtout ne pas pratiquer) l’éducation bienveillante (que je préfère à positive). Lorsque des personnes nous donnent un ordre qui n’a pas de sens pour nous, pour lequel nous ne comprennons pas le but, demandons nous des explications ou exécutons nous l’ordre sans sourciller ? Souhaitons-nous que nos enfants deviennent des êtres sans capacité de jugement, ou bien qu’ils soient en mesure de choisir ce qui correspond à leurs convictions ? En tant que parents, on leur impose déjà notre style de vie, nos priorités, ce que nous sommes. Ils peuvent s’opposer à cela tous les jours de leur vie, ils ne seront jamais obligés de faire et devenir comme nous. Mais nous pouvons justement leur montrer que quoi qu’ils choisissent comme voie, nous serons à l’écoute, nous ferons en sorte de les soutenir et de les comprendre. C’est en cela qu’ils pourront nous imiter, car ils vivront ce respect de chaque membre de la famille dans son individualité, et personne ne peut rejeter ce sentiment d’être reconnu et aimé pour ce qu’il est vraiment.

Alors oui, aujourd’hui le fonctionnement de notre société ne correspond pas toujours à nos valeurs, à ce que l’on souhaite transmettre à nos enfants, et à ce que nous souhaitons qu’ils vivent lorsqu’ils seront adultes. Nous croyons, idéalistes que nous sommes, que nos enfants vivront mieux si nous leur montrons qu’il est possible de faire autrement, de vivre différemment tout en respectant ceux qui ne font pas les mêmes choix que nous. Nous prenons le risque de nous tromper, que la société ne changera pas aussi vite que nous l’espérons, pas aussi vite qu’eux, que nos enfants seront peut-être « inadaptés » à la société telle qu’elle est, mais nous misons sur le fait qu’ils auront suffisamment confiance en eux et se sentiront suffisamment aimés pour se confronter à des personnes et des situations difficiles. Qu’ils sauront montrer que l’on peut être bienveillant même avec ceux qui ne le sont pas avec nous.

Comme le dit Catherine GUEGEN : « Et si élever les enfants dans la douceur, dans l’affection, dans l’empathie, rendait les humains plus pacifiques et plus aimants, et transformait le monde ? » 

Encore une fois, c’est un pari sur l’avenir, mais qui n’en fait pas lorsqu’il fait des enfants ?

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