Peut-être que pour changer un système, plutôt que de le détruire, il suffisait de construire sans lui ? Peut-être que de chercher le changement dans la violence n’apporte pas de réponse bienveillante ? Peut-être que si nous commencions pas changer nos propres habitudes, un par un, petit à petit, nous changerions une société toute entière. Peut-être…
Je dis cela un peu par fatalisme, car je pense effectivement que le système dans lequel nous vivons actuellement ne permet pas à chacun d’y trouver sa place, à ceux qui en ont le plus besoin de trouver du soutien, et à ceux qui donnent d’être reconnus et encouragés. Le système, la société actuelle, est encore basé sur la compétition, la force, la vitesse, le « plus » (faire plus, montrer plus, avoir plus, etc…). Pour cela, on apprend dès tout petit à être le plus fort, ou bien à accepter d’être un « faible », on apprend à être meilleur que les autres pour avancer, on se doit d’être battant pour obtenir le droit d’être reconnu. On doit parler plus fort que les autres pour être entendu. Certains sont meilleurs que d’autres à ce jeu là, et ceux là on les retrouve « en haut » de la pyramide : ils ont plus de biens, plus d’argent, ils possèdent. Au détriment des autres, en général. Mais ceux là ne sont pas nombreux, même s’ils possèdent beaucoup.
Je dis aussi cela parce que j’ai beaucoup d’espoir dans « les autres », tous ceux qui ne possèdent pas autant, qui ne sont pas les meilleurs, les plus forts, ceux qu’on entend le moins. Je crois profondément en la nature humaine, et je suis persuadée que la grande majorité des êtres humains sont bons, ou au moins capables d’être bienveillants si on leur apprend. La plupart se trompe de combat à mon sens : perdre son énergie à essayer de changer ceux qui sont « en haut », leur faire entendre qu’ils devraient donner, partager, vivre comme nous, c’est sans espoir. Je crois plutôt dans le pouvoir que nous avons de construire SANS eux, sans dépendre de leur argent, de leurs possessions, et surtout sans rêver d’avoir leur vie. Je suis persuadée que les choix que nous faisons, chacun de nous, permettront d’aller vers le changement. Ce changement ne viendra pas d’eux. Et leur extirper le pouvoir par la violence n’amènera au pouvoir que de nouvelles personnes avides de posséder ce que les anciens avaient : des biens, plus de pouvoir ou des privilèges…
Il est un peu trop facile d’attendre et de demander à « ceux qui décident » de changer la société qui a été faite pour eux, et qu’ils continuent de modeler selon leurs désirs. Il est peut-être un peu plus compliqué de faire des choix qui sortent du modèle qu’ils nous imposent, devenir « marginal », cela demande un effort : il faut repenser son quotidien, sa façon de consommer, de penser l’éducation, l’instruction, le sens de tout ce que nous faisons. Cela est plus compliqué car c’est un chemin personnel, que personne ne va nous dicter, que nous devons faire avec nous-même. Nous ne serons pas emportés dans une foule qui guide nos pas, qui nous indique la « meilleur voie » à prendre, qui nous entraîne. Non, revenir à ce qui est essentiel pour nous, ce n’est pas détruire une machine qui nous écrase, mais bien construire ce que nous pouvons sans elle.
Alors allons-y, autant de fourmis que nous sommes, peut-être insignifiantes aux yeux de certains, mais autant capables de construire une société faite pour nous, que j’imagine bienveillante, coopérative, en accord avec la nature, avec le simple objectif de vivre ensemble (et non de produire encore, encore, et encore…). Ou peut-être que je rêve..?