M’OCCUPER DES JEUNES, LES AIDER À S’AFFIRMER, EN LES COMPRENANT EN VÉRITÉ ET EN LEUR PERMETTANT DE DÉCOUVRIR LEURS RESSOURCES, OUI CELA FUT POUR MOI UN CHOIX. JE SAURAI BIEN, MOI, ÉVITER AUX AUTRES CE QUE J’AVAIS SUBI !
Ce n’est plus la pédagogie de l’enseignant qui enseigne, mais celle de l’élève qui apprend.
Antoine de La Garanderie
Qui était Antoine de La Garanderie ?
Né en 1920 dans l’ouest de la France au sein d’une famille bourgeoise, il est le troisième enfant d’une fratrie de 5. Plutôt bon élève, la baisse brutale de ses résultats scolaires au collège interroge. Il lui est alors diagnostiqué une surdité évolutive, qui a permis à son enseignement d’évoluer. Il a lui-même compris que sa façon d’apprendre jusque là était principalement auditive et qu’il allait falloir passer par d’autres chemins. Cette reflexion et les adaptations de ses professeurs lui ont permis de poursuivre ses études jusqu’au doctorat en philosophie (à Rennes 😉). Son itinéraire scolaire l’a également poussé à approfondir ses recherches sur les methodes d’apprentissages et l’accompagnement des enfants jugés en échec scolaire. C’est ainsi qu’il a développé des techniques de gestion mentale, soutenu par l’Education Nationale à travers des collaborations, formations et études dirigées à travers le monde.
Pourquoi cette méthode pédagogique ?
Pour Antoine de La Garanderie, le rôle de l’adulte dans l’apprentissage de l’enfant est primordial, pas comme un enseignant qui explique mais plutôt comme un guide qui renseigne l’élève sur sa propre façon d’apprendre. Il est convaincu que c’est le dialogue pédagogique qui permet à l’enfant de mieux se connaître et de prendre conscience de ses habitudes mentales. L’aménagement de temps libres, où l’enfant peut penser, imaginer, créer, rêver, est indispensable aux apprentissages cognitifs et au plaisir d’apprendre. Il décompose tout apprentissage en 5 gestes mentaux :
- L’attention
- La mémorisation
- La compréhension
- La réflexion
- L’imagination créative
Je ne vous développerais pas ici ces points mais si vous voulez comprendre les gestes mentaux en détail, je vous invite à aller consulter la page apprendre-reviser-memoriser qui en parle simplement.
Moi, je préfère vous parler des 3 phases d’apprentissage et des modes d’évocation qui nous permettent de mieux nous connaître :
1- La perception
Tout nouvel apprentissage passe d’abord par les sens : la vue, l’ouïe, le toucher… C’est ce qui nous permet en premier lieu de rentrer en contact avec le monde extérieur. Chacun de nous a un sens dominant qu’il va utiliser avant les autres pour intégrer l’information. Il a découvert, lorsqu’il est devenu sourd, que son sens dominant à lui était l’ouïe, et qu’il allait devoir développer d’autres sens afin de pouvoir continuer à apprendre.
2- L’évocation
Lorsque nous avons perçu l’information, il nous faut le représenter dans notre univers mental, c’est ce qu’il appelle l’évocation. Selon notre sens dominant, nous allons nous représenter dans notre tête une image, ou plutôt des séquences auditives. Mais il faut également laisser le temps à l’apprenant, notamment l’enfant, de se fabriquer sa « petite histoire » dans sa tête afin d’intégrer l’information. Il a fait ressortir 3 modes d’évocation qu’il a appelé « langues maternelles mentales » :
- Visuelle : le visuel associera une image à un mot, comprendra plus facilement un graphique ou photographiera mentalement un objet.
- Auditive (ou verbale) : l’auditif se décrira une scène, recherchera les mots d’une même famille, retiendra plus facilement un discours.
- Tactile (ou kinesthésique) : le tactile aura besoin de toucher l’objet, de manipuler, de réaliser des expériences pour intégrer un nouvel apprentissage.
3- L’affirmation ou le projet mental
De La Garanderie est convaincu que nous avons tous le même potentiel de « langues maternelles mentales », mais que nous avons appris dès tout-petit à en utiliser un de façon prépondérante. Sa méthode consiste en premier lieu à développer ce langage principal pour qu’il soit performant en toutes circonstances. Mais également à essayer de découvrir et appronfondir l’utilisation des autres langages, comme lui a pu le faire, forcé par sa surdité.
Comment mettre cela en pratique ?
Pour les plus jeunes enfants comme les plus grands, Le Grand Guide des pédagogies alternatives propose plusieurs petits outils pour développer leur univers mental et leur langage maternel :
- Faire régulièrement des pauses lorsque vous racontez une histoire, de manière à ce que l’enfant puisse se représenter les personnages, l’action, etc.
- Avec un tout-petit, lui montrer l’image de 2 objets aimés (sa tétine, son doudou…) et les regarder avec lui tout en les nommant. Montrer ensuite l’un des 2 objets réel et un autre, vous verrez que l’enfant ira chercher celui dont il se sera fait une image mentale !
- Discuter en famille sur la façon dont chacun se remémore un un évènement : comparez les images mentales de chacun, et décrivez ensuite comment chacun a procédé pour se représenter les paysages/décors décrits par les autres.
- Faire des jeux de mimes pour rejouer une scène vécue, dessiner un évènement passé, s’entraîner à évoquer une scène de film avec les paroles, les intonations de voix, les détails du décor, etc.
Moi j’aime particulièrement ces 2 outils :
- Le jeu de Kim : disposez devant l’enfant plusieurs d’objets courants (brosse à dent, petite voiture, fourchette, etc.). Lorsque l’enfant les a bien observé, lui demander de fermer les yeux et en retirer ou en ajouter un. De la même maière, lui faire répéter le nom des objets plusieurs fois, et deviner en récitant lequel a été enlevé ou ajouté. En ayant pris connaissance des objets les yeux fermés, seulement en les touchant, procéder de la même manière. Ou encore inventer une histoire avec les objets proposés pour les mémoriser.
- L’exercice de la montagne : demander aux enfants de dessiner selon un énoncé (vidéo « Un homme, une pédagogie »). Après un temps de pause, ils dessinent et racontent quel processus ils ont employé pour reproduire le paysage décrit. C’est un outil qui peut être utilisé par tout éducateur pour faire découvrir aux enfants leur manière d’apprendre.
Vous l’aurez compris, cette pédagogie est très complexe car elle traite de la base de l’apprentissage, de la connaissance de soi-même pour apprendre, de la conscience de ses propres capacités. Si vous voulez développer vos connaissances sur le sujet, vous pouvez aller consulter Institut International de la Gestion Mentale ou le centre de recherche en gestion mentale . Bien sûr, vous pouvez toujours vous référer au Grand Livre des Pédagogies Alternatives, ou retourner lire les derniers articles sur les pédagogies Reggio, Pikler ou Freinet !
La semaine prochaine, je vous parlerais d’une femme anglo-saxone qui est la pionnière du Homeschooling dès la fin du 19ème siècle ! Bonne semaine et à mercredi prochain 😊!
2 réflexions au sujet de “Qu’est-ce que la gestion mentale selon de La Garanderie en 3 questions”