Puisque nous sommes tous confinés à l’intérieur, de chez nous comme de nous-même, le temps est donc propice à l’introspection. Exceptionnellement, je vous livre donc ici un article plus personnel (ce qui n’est pas très facile 😅), mais qui parlera peut-être un peu à certain(e)s : femmes, mères, ordinaires ou différentes.
Celui qui regarde dehors rêve. Celui qui regarde à l’intérieur s’éveille.
Carl jung
Je suis une femme.
Je m’approche doucement de la quarantaine et je découvre seulement maintenant le féminisme : comme une lutte pour le respect mutuel, le droit de disposer de son corps, et un véritable espoir de changement sociétal. J’ai les cheveux rasés d’un côté, je ne m’épile que quand et où je le désire, et je ne me maquille que lorsque j’en ai envie. J’ai des robes courtes, des jupes longues, des pantalons serrés et des shorts larges. Mes pyjamas sont fait de vieux T-shirts piqués aux hommes de ma vie. Je conserve mes vieilles culottes en coton qui côtoient quelques soutiens-gorges en dentelles, perdus dans la masse. Je suis sensible mais pas particulièrement émotive. J’aimerais m’adresser aux autres avec calme et respect mais parfois je parle comme une poissonnière ou « une vieille instit donneuse de leçons ». J’adore les soirées entre filles avec mes amies, comme je me délecte des soirs où je me glisse dans mon lit à 20h30 pour regarder un film. Je me sens femme autant avec mes fringues de récup et sans aucun artifice, que lorsque je m’apprête pour une sortie avec mon unique paire de chaussures à talons. Je suis capable de prendre des décisions importantes ou parler devant une assemblée avec assurance, mais me sentir comme une petite fille devant ma mère. Je suis femme.
Je suis une mère.
Je suis devenue mère il y a presque sept ans. J’ai maintenant deux enfants que j’ai désiré longtemps avant de réussir à tomber enceinte, à chaque fois grâce à l’aide de la médecine. J’apprends à les connaitre chaque jour et à me connaitre en leur présence. Je découvre mes limites, mon enfant blessé, mes ressources et je m’inspire de l’extérieur. Je me suis déjà fait reprendre par l’institutrice de ma fille et je me suis sentie comme une gamine, honteuse et fautive. Puis je me suis sentie en colère et légitime dans mes choix et décisions. Je m’appuie sur mes expériences, mes lectures, mes convictions et le vécu des autres, et pourtant je doute tous les jours : est-ce que j’en fait trop ? pas assez ? Est-ce que je les mets en danger en les laissant faire cela ? Ou est-ce que, au contraire, je leur permet de développer leurs capacités ? Suis-je trop proche ou trop distante ? J’hésite, je tâtonne, j’essaye, je me plante et je tente autre chose. Je doute et me questionne tous les jours sur la façon de faire, tout en étant intimement convaincue des valeurs qui guident mes choix. Je m’inquiète pour mes enfants et je leur fais confiance en même temps. Je suis mère.
Je suis ordinaire.
Je ressemble à tout le monde : j’ai un mari, deux enfants et un chien. Je n’ai jamais beaucoup d’argent, même quand je travaille. Je fais ce que je peux pour rendre mes enfants heureux, faire plaisir à mon mari, tout en essayant de ne pas m’oublier. J’aime regarder des séries d’ado avec des romances faciles, autant que des thrillers angoissants où le sang coule à flots. J’aime cuisiner, pour faire plaisir mais aussi parce que je suis gourmande. J’aimerais bien avoir mon potager ou coudre mes vêtements, tout en sachant que je n’ai pas la patience d’apprendre. J’ai de grands projets, de grandes envies, sans pourtant en réaliser la moitié. Je fais en sorte de manger sainement et consommer mieux tout en allant régulièrement faire mes courses en grandes surfaces, parce que c’est plus facile. Je ne suis pas plus intelligente, courageuse ou exceptionnelle qu’une autre. Je ne sors pas du lot, on ne me remarque pas particulièrement et parfois je me laisse porter par le groupe, sans réfléchir. Je suis ordinaire.
Je suis différente.
Parce que je me sens différente. J’ai souvent l’impression de ne pas penser comme les autres, voir d’être à côté de la plaque. J’ai parfois l’impression de ne pas comprendre ce que les autres attendent de moi, de me montrer insensible alors que j’aimerais être plus empathique. Je peux être très compréhensive et bienveillante, mais aussi paraître complètement indifférente à une émotion qui m’est racontée. Je fais des choix hors normes, pas pour être contre la norme, mais juste pour faire comme je veux. Je m’ennuie dans la sédentarité, mais j’aime bien avoir un pieds à terre avec des repères : j’adore changer de paysage tous les jours et m’installer dans un coin où je me sens bien. Je suis en recherche de nouveauté, de rencontres, de découvertes, pourtant j’entretiens des amitiés sur la durée (certaines depuis presque 30 ans !). Je ne vis pas pieds nus au bord de la route et je ne parcoure pas le monde depuis des années, pourtant je me suis nomade. Je voudrais changer le monde pour qu’il devienne meilleur pour nos enfants, alors j’agis en fourmi, un peu égoïstement. Je crois en la nature humaine, en sa capacité de résilience, de modification de ses comportements et de clairvoyance, même si ce chemin est long. Je ne veux pas me battre contre un pouvoir, pour obtenir ce qu’il ne donnera jamais : je préfère mettre mon énergie à construire le monde auquel je crois. Je suis différente mais je ne suis pas seule…
Je suis unique, comme tout le monde. Et je suis différente, comme les autres. Je suis juste moi.
Très inspirant : ça nous donne à réfléchir… c’est marrant, tu n’as pas exploité le mot femme au sens d’épouse/amoureuse.
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