alternatives, projet, société

Le monde d’après sera-t-il le même ?

Pouvons-nous juste essayer de ne pas renouveler les erreurs du passé ?

Les événements actuels nous chamboulent tous, dans notre quotidien, nos relations, nos projets. Beaucoup s’interrogent sur le sens que peut avoir leur vie, leur travail, leur habitudes de consommation, et c’est plutôt une bonne chose. Chacun avance sur son chemin à une allure différente et dans un sens qui lui appartient. J’espère juste que le sens collectif sera celui qui nous fait regarder vers l’humain, qui nous orientera vers un plus grand respect du vivant.

J’aimerais parler de l’économie et de la consommation sans les notions de capitalisation, enrichissement, destruction, égoïsme, abondance malsaine et j’en passe…

1- Ce que nous connaissons

Pour commencer, je ne suis ni économiste, ni politicienne, mon regard est donc celui d’une simple citoyenne française. Je peux faire tout mon possible pour être objective, mais mes observations seront en partie biaisées par ma condition sociale, mon éducation et mes convictions personnelles (même si elles peuvent être partagées).

La France et l’argent

Dans le monde actuel, pour évaluer le niveau de richesse d’un pays, on utilise le PIB (produit intérieur brut). Celui-ci se base sur la production économique du pays (sur la valeur argent, en $ s’il vous plait). Pour avoir une idée de la place de la France dans le monde selon cet indicateur, je vous laisse regarder cette carte qui en parle mieux que moi :

atlasocio.com

En regardant la carte, avec les yeux de novices que nous sommes, j’ai bien l’impression que nous faisons quand même partie des pays qui ne sont pas dans le besoin, non ? On peut même affirmer que la France est plutôt bien placée dans le classement mondial des « producteurs de richesses ».

L’argent serait-il le seul indicateur valable pour déterminer la valeur d’un pays et de sa population ?

Revenus du travail et inégalités

En ce qui concerne les revenus des français, les derniers chiffres datent de 2016 (INSEE). Le revenu médian annuel des salariés à temps plein (médian signifie que la moitié touche moins et l’autre moitié touche plus), était de 18 193€ pour les femmes et 21 434€ pour les hommes (comment ça, ce n’est pas pareil ? 😠), ce qui fait un salaire médian mensuel entre 1516 et 1786€. C’est suffisant mais « ça casse pas des briques » comme on dit…

Il est facile de savoir également, sur le site de l’INSEE ou de l’Observatoire des inégalités, que la moitié de la population qui touche le moins concentre seulement 31% des revenus. Faites le calcul et vous comprendrez vite que les 69% restant sont répartis sur l’autre moitié de la population… Encore mieux : les 10% les plus riches captent pratiquement 24% de ces mêmes revenus 😱😱😱!!! Il faut dire que certains salaires sont indécents, pour ne parler que :

  1. des joueurs de foot qui gagnent entre 1 et 3 millions d’euros, sans les primes (et tout en étant logé, nourri et tous frais payés), pour pratiquer un sport de ballon (que d’autres font aussi bien pour beaucoup moins) 😶
  2. de certains grands patrons, sachant que le salaire médian des patrons du CAC40 était de 4.68 millions d’€ en 2017, soit l’équivalent de 240 SMIC environ, ce qui correspond à 20 ans en une seule année (heureusement que leur carrière est courte, mais pas leur retraite malheureusement) parce qu’il y a rarement de 13ème mois chez les smicards.

Cherchez l’erreur ! (Un peu facile, je sais… 😑)

Le travail doit-il être utile ?

Parmi les 68% de français « pauvres » à « moyens », mais aussi chez les cadres qui appartiennent à la première tranche des français « aisés », on voit apparaître différents termes pour qualifier l’épuisement et la perte de sens au travail :

  1. Le burn-out : le plus connu, tout le monde a déjà entendu ce terme. Il qualifie l’épuisement professionnel lié à un stress chronique au travail, qui peut amener à diverses conséquences psychiques comme la dépression, les troubles anxieux, des addictions, des troubles du sommeil, etc. Une étude de l’Observatoire de la santé psychologique au travail réalisée entre 2013 et 2017 fait ressortir que 24% des salariés se trouvent dans un état d’hyper stress. Les secteurs les plus touchés sont ceux des hébergements médico-sociaux, de la santé, de l’art et du spectacle, ou encore des services.
  2. Le brow-out : moins connu mais tout aussi représentatif de l’état général. Celui-ci concerne le désengagement du salarié suite à une perte de sens au travail. C’est une sorte de démission mentale, qui donne un salarié totalement désengagé et démotivé par sa tâche, sans but réel ni compréhension de l’utilité sociale de son travail. Ce sentiment semble être en augmentation depuis les 2 dernières années… Les secteurs administratifs et financiers éloignés du public, ceux qui subissent des contraintes budgétaires importantes comme l’hospitalier ou l’enseignement, et les managers hyper-spécialisés sont les plus nombreux dans ce cas.
  3. Le bore-out : les symptômes sont similaires à ceux du burn-out (anxiété, dépression, perte de confiance et de motivation) mais ici ils sont liés à l’ennui au travail… Aller au travail pour ne rien faire n’est ni valorisant ni motivant. Le résultat peut donc être ce syndrome de bore-out, avec le sentiment d’être sous-utilisé et non reconnu pour ses compétences. Ce phénomène touche de plus en plus d’emplois administratifs ou hyper spécialisés, qui perdent de leur intérêt avec l’automatisation et les tâches répétitives.

Il est vrai que, quand nous sommes persuadés, par notre éducation et la société toute entière, que le travail nous amènera réussite sociale et épanouissement personnel, il est normal d’être déçu ou perdu lorsque nous sommes confrontés à la réalité.

Faut-il donc arrêter de travailler ? Ou bien revoir l’organisation de notre société pour que le travail y ai un sens et reconnaisse la valeur de ses travailleurs ?

2 – Ce que nous pouvons changer

Comme je ne suis toujours pas devenue politicienne, je ne propose aucun programme et surtout je ne souhaite pas vous faire miroiter des solutions qui sembleraient trop simple à mettre en place, juste pour que vous me suiviez (n’y voyez aucun lien avec les paroles des politiques. Ou peut-être que si…). Je vous partage quelques pistes qui me plaisent, vous en ferez bien ce que vous voulez…

Revoir nos indices de croissance

Le PIB actuel, comme nous l’avons vu plus haut, calcule la richesse d’un pays sur sa production en valeur argent. Ce qui est le plus important dans ce système, c’est la monnaie, les dollars, l’argent, le blé (et pas celui qui pousse dans les champs), qui ressort de la production. Il faut donc toujours produire plus pour vendre et ramasser de l’argent. Peu importe si nous avons besoin de ce qui est produit, ou si celui à qui nous le vendons en a besoin pour vivre, puisque l’objectif est de produire des choses qui se monnayent cher (et le plus possible). Pour changer ce système de valeurs, « l’astrophysicien écolo » Aurélien BARREAU propose d’autres unités de mesure que je préfère largement :

  • la capacité à s’entraider
  • le respect de la vie
  • le développement des espèces
  • la pérennité du système
  • la diminution des inégalités

Je l’aime❤

Allez, c’est cadeau, je vous remet ici un court extrait vidéo qui date de 2019 mais qui est toujours aussi génial (à mes yeux, encore).

Redistribuer l’argent autrement

Je ne dirais pas que je suis pour ou contre, mais je trouve intéressant de creuser un peu le sujet du revenu universel. La question demande encore réflexion et surtout coopération pour trouver une proposition cohérente, mais cette petite vidéo explique très bien le sens que peut avoir cette distribution (réduction des inégalités, choix du travail, développement du bénévolat, etc) et les obstacles à sa mise en place (décisions à prendre collectivement, confiance dans la nature humaine, diminution de pouvoir de l’argent, etc) :

Sinon il y a déjà une manière de redistribuer l’argent des impôts et des taxes de manière plus équitable que dans les grandes entreprises polluantes : dans l’économie sociale et solidaire ! Financer des actions et services qui ne PRODUISENT rien mais qui AGISSENT en réduisant les inégalités, favorisant l’insertion, limitant la pollution et accompagnant ceux qui en ont besoin, c’est tout de même un peu utile, non ? Je vous invite à lire cet article, non parce qu’il est merveilleux, mais parce que c’est moi qui l’ai écrit et que j’y parle déjà de l’utilité de pourquoi développer l’ESS.😉

Développer la permaculture

La permaculture, tout le monde en a déjà entendu parler. Pour faire bref, ce n’est pas qu’une façon de cultiver son potager dans le respect de l’écosystème qui l’entoure, ça touche bien plus que cela. La permaculture touche 7 thématiques : l’habitat, l’éducation, la santé, l’économie, la gouvernance, les nouvelles technologies et l’agriculture. Cette façon de concevoir est une réelle philosophie de vie, de prendre soin de soi en premier lieu pour pouvoir intégrer un collectif tout en se respectant individuellement. On peut parler alors de permaculture humaine et sociale.

La permaculture est très souvent la base de création des Oasis ou éco-villages, qui rassemblent des individus seuls ou en famille, dans un lieu de vie qu’ils gèrent collectivement selon les valeurs qui les rassemblent et des principes de :

  • liberté individuelle (d’être, de penser, d’agir…)
  • coopération et mutualisation
  • autonomie alimentaire et agriculture
  • sobriété énergétique et éco-construction
  • une gouvernance sans hiérarchie
  • l’ouverture sur le monde via des accueils ponctuels ou hébergements, des séjours en immersion, du woofing

Pour exemple, vous pouvez aller visiter les sites du Village démocratique de Pourgues (en Ariège, entre Toulouse et Montpellier), le Bois du Barde en centre Bretagne, ou encore Eotopia (en Sâone et Loire, proche de Nevers). Vous pourrez trouver sur le site du Mouvement Colibris une carte des Oasis existants ou en cours de création, avec leurs modalités d’accueil !

Maintenant vous savez où nous passerons nos prochains mois tant que la Belgique n’est pas prête à nous accueillir 😉🌍!

Bon courage à tous pour dépasser cette période de changements, retrouver du sens dans vos choix, renoncer à ce qui s’est révélé inutile, et puiser les ressources nécessaires pour continuer. Soyez fiers du chemin parcouru et décidé pour celui qu’il reste à faire.

Bonus : grâce aux conséquences économiques, écologiques et sociales du confinement, beaucoup de mouvements se développent pour faire évoluer notre société positivement plutôt que de vouloir reconstruire le monde d’avant. Je ne peux pas parler de tout le monde ici (sinon je vais exploser ma page), mais je peux vous mettre quelques liens pour ceux qui veulent y réfléchir :

Vous pouvez continuer cette liste à votre guise ! 😉