éducation, famille, pédagogie, temoignage

Transmissions

Ce ne sont pas les discours de morales qui transmettent ses valeurs à l’enfant, mais ce que sont et font les adultes.

Catherine GUEGUEN

J’ai eu la chance de grandir dans une famille où la violence n’était pas une solution, où les mots et les émotions étaient écoutés. J’ai eu cette chance mais je sais que ce n’est le cas de tout le monde. Les parents d’hier ont fait de leur mieux avec ce qu’ils savaient, ce qu’ils avaient à disposition et ce que leurs parents leur avaient appris. Les parents d’aujourd’hui font de leur mieux, différemment car nous avons d’autres ressources, d’autres connaissances, et nous vivons dans une autre société.

Mais ce que nous voulons faire n’est pas le plus important.

Ce qui était important hier, qui l’est encore aujourd’hui, et qui le sera d’autant plus demain, c’est (à mon avis) l’exemple que nous donnons à nos enfants. Nos choix de vie, les valeurs que nous défendons, les convictions qui nous portent, seront les fondements de leurs vie à eux. Alors aucun choix n’est dénué de risque, aucune valeur n’est mieux qu’une autre, et aucune conviction n’est unanime, mais elles sont ce qui font de nous des êtres humains : imparfaits, sensibles, avec notre sac à dos de souvenirs, de traumatismes, de joies et de rêves.

C’est l’enfant que nous avons été qui fait l’adulte que nous sommes, et encore plus le parent que nous devenons.

Mes parents

Ma maman m’a fait rire et rêver. Elle a pris soin de moi quand j’étais malade ou triste. Elle a partagé mes joies, mes réussites, mes espoirs (même quand ils n’étaient pas les siens). Mais surtout, elle m’a montré par ses actes que, aimer quelqu’un c’est savoir aussi renoncer, parfois souffrir et faire souffrir, mais que l’amour en vaut la peine et ressort gagnant. Que se respecter soi-même dans ses émotions ce n’est pas être faible, c’est être vivant. Que donner aux autres, de son temps et de son amour, c’est aussi recevoir, parfois. Que regarder en arrière c’est prendre le risque de voir ses erreurs en face, mais aussi de les accepter pour continuer à avancer. Elle m’a montré par ses relations qu’aucune différence, culturelle physique ou sociale, ne peut empêcher une amitié. Et surtout que devenir mère, c’est l’apprentissage de toute une vie, un chemin sinueux et extraordinaire. Merci maman.

Mon papa, qui est d’une époque tellement différente de celle dans laquelle il nous a élevé et nous élevons aujourd’hui nos enfants, n’a pas eu cette chance de grandir dans la sécurité affective dont tout enfant à le droit. Il n’a pas eu d’exemple de père auquel se référer quand à son tour il l’est devenu. Il a dû apprendre chaque jour quel père il voulait être et devenir. Au fil du temps, il nous a montré qu’aucun obstacle n’est insurmontable, qu’il est toujours possible de se relever et repartir, de pardonner même quand on a été blessé. Il m’a prouvé qu’il est possible d’évoluer et d’apprendre à tout âge, parfois dans une direction inattendue. Il m’a toujours respecté dans mes choix, qui souvent le bousculent dans ses représentations et son expérience. Mais il a toujours été là, patient et souvent inquiet, pour me laisser vivre sans me juger. Il m’a montré qu’un père, ce n’est pas forcément un roc invincible auquel se raccrocher, c’est aussi et surtout le fait d’être un être sensible qui fait de lui un homme. Merci papa.

Ils m’ont transmis ce qu’ils sont par ce qu’ils font.

Mes enfants

Ils commencent tout juste leur vie mais ils nous ont déjà tellement appris : sur eux, sur la vie, sur les émotions, les relations. Ils m’ont poussé à apprendre, tous les jours, à trouver les mots pour communiquer avec eux mais aussi avec les autres, à accepter mes émotions négatives comme positives, à chercher des solutions et développer ma créativité oubliée. Ils sont les seuls capables de me faire sortir de mes gonds, de me pousser à bout et de voir jusqu’où je suis capable d’accepter. Ils remettent en question tout ce que je croyais « normal » et acquis. Ils me font voir le monde avec un regard neuf, en me faisant m’interroger sur le pourquoi des choses. Avant eux, je pensais que les enfants étaient des petits êtres vides qu’il fallait remplir : de notre amour, de nos connaissances, de nos valeurs, de nos espoirs. Mais ils sont déjà tellement plein de vie, de curiosité, d’imagination et de liberté qu’il n’y a plus de place pour tout ce que je voulais leur donner, à part l’amour. Et c’est tant mieux.

J’ai compris que ce n’est pas ce que je veux leur donner qui compte, mais ce qu’ils vivent à nos côtés, en sachant que nous sommes là pour eux et que nous faisons de notre mieux. Il n’y a pas plus beau cadeau que de les voir jouer et rire, se faire confiance, s’entraider, essayer de se comprendre (même si ça ne marche pas à tous les coups). Il n’y a pas plus belle récompense que Naël qui me tend les bras quand je suis énervé ou triste, ou Léon qui crie « mais je t’aime moi ! » à sa sœur qui se sent seule. Il n’y a pas plus grand bonheur que de les voir libres de courir et se rouler par terre quel que soit le temps, de mettre une robe ou du vernis quel que soit leur sexe, de s’émerveiller devant des escargots et de vivre leurs émotions comme elles arrivent. Cela me demande parfois un travail sur moi-même, pour accepter qu’ils finissent entièrement sales, qu’ils crient leur frustration sans accepter mes bras, qu’ils trouvent des solutions auxquelles je n’adhère pas complètement. Quand j’y arrive je suis fière de moi, et quand je n’y arrive pas je ne m’en veux pas. J’ai appris à m’excuser d’avoir crié trop fort, d’avoir accusé à tort, ou d’avoir espéré autre chose de leur part. Je suis une mère imparfaite, mais je fais de mon mieux en respectant mes convictions et mes valeurs. Je leur doit bien ça.

J’essaye de leur transmettre ce que je suis par ce que je fais. Et ils nous transmettent tellement sans le savoir.

Mes parents sont imparfaits mais ils sont humains. Ils ont fait des erreurs mais ils ont fait de leur mieux. Ils ont élevé 3 enfants sans toute la technologie et les connaissances d’aujourd’hui, avec peu d’argent et beaucoup d’amour. Ils ne m’en voudront pas de dire qu’ils ont grandi avec nous, et continuent de grandir à nos côtés. Ils nous ont permis d’être les adultes que nous sommes, imparfaits, humains, cumulant les erreurs mais essayant toujours de faire de notre mieux. J’espère que mes enfants garderont un souvenir aussi heureux de leur enfance, si différente soit-elle. Je souhaite qu’ils nous regardent également comme des êtres humains qui ont essayé d’être meilleur avec eux, qu’ils nous fassent suffisamment confiance pour devenir ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes et le partager avec nous. Chaque jour de leur vie.

Bonne fête maman

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