congo, famille

L’aventure en brousse

Première aventure hors de Pointe-Noire en famille depuis que nous sommes arrivés au Congo, je ne peux pas garder ça pour nous ! J’avais envie de vous faire ça comme un journal de bord, tant les souvenirs sont encore frais. Alors c’est parti !

Jour 0

Dimanche soir : nous sommes prêts ! Les voitures de locations (deux petites Jimmy toutes blanches) sont chargées, les équipes sont bien calées. Nous partons à deux voitures, huit personnes : cinq adultes et trois enfants. Ce sont nos voisins qui nous ont embarqué dans ce séjour : Pavely la congolaise, avec qui j’ai partagé l’aventure des Monologues du vagin, Jérémie le prof d’histoire-géo qui vient du sud de la France, sa mère en vacances (appelez la Mimine) et sa fille Nina (qui est dans ma classe de CE2). Eux y sont déjà allé trois fois, ils connaissent donc bien la route, les risques éventuels, ce qu’on peut y voir, les contacts sur place. Bref, on part bien entouré ! Départ prévu à 7h30 pour éviter les bouchons à la sortie de Pointe-Noire et arriver pas trop tard sur place. On a trop hâte !!

Il n’y a que entre 130 et 170km entre les 2 cercles, mais il faut compter environ 5h de route !

Jour 1

Un peu de retard sur l’heure prévue initialement, mais rien de bien méchant : à 8h on décolle de la résidence. Après quelques arrêts pour regonfler un pneu, acheter du pain et quelques légumes frais sur le marché, on se dirige enfin vers la sortie de Pointe-Noire. On connait les routes d’ici, même en ville il faut éviter les trous, les marres d’eau, les taxis ou les 100/100 qui déboulent ou dépassent dans tous les sens. La sortie du dernier quartier n’est pas mal non plus dans le genre, mais la dernière fois qu’on l’a prise elle était boueuse et on n’avait pas de 4×4, alors sèche comme aujourd’hui c’est du gâteau !

Passé ces quelques kilomètres et l’ex-péage, on atteint la route de la pointe indienne qu’on dépasse sur un goudron pratiquement lisse. On longe la mer en passant devant les gorges de Diosso, toujours sur un goudron digne d’une route nationale française. Il fait beau, on est détendu, on admire le paysage qu’on reconnait encore. Brusquement le goudron s’arrête et laisse place à une large piste de sable et de cailloux bien tassés. Aucun risque de rester coincé là-dedans, mais qu’est-ce que ça secoue ! Le chargement fait des bonds et les paquets de chips posés sur le dessus sautent régulièrement sur la tête de Léon. On diminue forcément la vitesse pour limiter les sauts et les bruits de portières qui vibrent. Moi en passager, je n’apprécie pas vraiment ces kilomètres… Nouveau changement de piste : on passe sur une terre rouge poussiéreuse, moins large, avec un peu plus de creux mais encore bien praticable. On commence à croiser de plus en plus de marres d’eau, pas trop impressionnantes, ça passe à l’aise, on enlève même le mode 4×4 sur certaines portions.

Une belle marre d’eau boueuse devant nous, on remet le mode 4×4 pendant que la première Jimmy passe. Patrice se lance, je lui dis « pas trop à droite », il comprend « à droite » et enfonce le côté gauche de la voiture dans la gadoue… Il essaye de se dégager en marche arrière pendant que je préviens nos équipiers qui répètent dans le talkie-walkie : « Arrête d’accélérer, arrête d’accélérer ! » Le temps qu’ils arrivent on est dans la boue jusqu’au cou (ou presque). Pas de chance elle sent mauvais en plus😷… Bref, les enfants et moi quittons la voiture pour laisser Patrice attacher le cordon de remorquage à l’autre Jimmy (sans manquer de glisser et se barbouiller de cette boue malodorante). La magie de l’Afrique : peu importe où on se trouve, il y a toujours du monde à sortir de nulle part, prêts à aider contre un petit billet, et tant mieux pour nous ! L’avantage de la Jimmy c’est que c’est léger, alors tirée par l’autre voiture et poussée par cinq gars (dans la boue jusqu’aux genoux), elle est sortie en deux minutes. Ouf !

Le reste du trajet s’e fait sans encombres, avec une pause pique-nique avant de passer le bac et encore au moins 2h de pistes après, à moitié dans la brousse, le sable, un peu de gadoue et quelques rares villages. L’arrivée à la maison de Mathias est un soulagement pour moi. Une grande case construite par les gens du village pour développer l’éco-tourisme, avec huit chambres équipées de lits avec moustiquaire, une grande salle à manger et une petite cuisine. Sans oublier des toilettes et une cabine de douche, avec les seaux à disposition. Le luxe en brousse ! Après une pause bien méritée et l’installation de chacun dans les chambres, une petite ballade dans les plaines de brousse, au coucher du soleil, à la découverte des termitières géantes et des petits animaux sauvages.

Jour 2

Finalement, le lit n’est pas si confortable : la mousse est fine et on sent les lattes dans notre dos. Puis sans aucune ventilation on laisse les volets ouverts (il n’y a pas de fenêtres, c’est inutile) donc forcément le jour qui se lève à 6h nous réveille. Mais bon, ça n’a aucune importance puisque ce matin nous partons à la recherche des éléphants, des chacals, buffles et autres animaux sauvages, qui sortent avant que le soleil ne chauffe de trop, donc avant 7h30 ! Au taquet dès 4h du matin pour un départ prévu à 5h, même pas fatiguée !

Notre guide, Bienvenu, arrive à 5h30 et on embarque dans les voitures. Bienvenu a grandi ici, son père était chef de village avant lui, il connait la brousse comme sa poche. C’est d’ailleurs impressionnant : il est capable de traverser ces plaines dans tous les sens sans se perdre, il peut même dire quand ralentir car il y a un trou ! En plus d’être un guide averti, c’est un pisteur hors pair : il repère les traces, les excréments, sait exactement vers quel bosquet se diriger pour apercevoir des animaux. On le suit les yeux fermés (ou presque, il faut les garder ouverts quand même) !

Pas de chance pour nous, le soleil est levé et nous n’avons rien vu de vivant, aucun petit ou gros animal, seulement des traces fraiches… Heureusement que le paysage était magnifique sous le soleil levant, on ne se sera pas levé avant l’aube pour rien !

Après un levé si matinal, une sieste s’impose. Pour moi c’est impossible de me recoucher, quand je suis levée, je suis levée ! Mais profiter du calme et de la nature qui s’étend à perte de vue, c’est reposant ! Tout le monde a pu reprendre des forces avant de manger les légumes préparés par Pavely : un délice ! Je n’aurais jamais cru apprécier autant les haricots blancs !

Requinqués comme jamais, on se prépare pour la plage : maillots, shorts, tongs, serviettes autour du coup ou dans un pochon, à la main. Il y a environ 20mn de voiture pour y arriver, c’est juste à côté ! Mais les repères ne sont pas les mêmes en brousse qu’en ville : Bienvenu nous fait garer les voitures au milieu de nulle part à l’entrée d’une forêt. On doit ensuite le suivre à pieds pour descendre vers la plage, lui devant avec sa machette pour nous dégager le « chemin » qui traverse la forêt, nous derrière dans nos tenues de touristes à le suivre comme on peut. Ah, on est beau ! Il nous dit régulièrement de ne pas faire de bruits car des éléphants sont passés par là il y a peu de temps. D’ailleurs on marche tous dans leur énorme fiente qui traverse notre chemin (merci les tongs !). L’arrivée est tout de même fabuleuse : une côte sauvage, des vagues impressionnantes, des crabes qui pullulent sur la plage. Juste à côté, des tas de bouteilles plastiques, de claquettes, de déchets ramenés par la mer et triés en tas. Le contraste est frappant mais n’enlève rien à la beauté du paysage.

Après la baignade des plus courageux et le petit goûter dont on ne peut se passer, retour par le même chemin. Cette fois-ci c’est moi qui conduit : pas de risque d’être contrôlé ici (je n’ai pas encore acheté mon permis congolais) et j’ai envie de tester la conduite en brousse. Et puis Bienvenu est à côté de moi, j’ouvre le chemin à la deuxième équipe qui nous suit. Comme ça, Patrice peut aussi voir un peu de paysage, parce que quand on est au volant, on regarde devant les roues et on ne voit pas grand chose ! Après quelques calages au démarrage, je commence à maîtriser la voiture. Bienvenu est frustré de ne pas avoir pu nous montrer d’éléphants ce matin, alors vu qu’il a perçu leurs traces il les suit en nous faisant faire des tours et des détours. Naël repère d’abord un chacal parmi les herbes, puis premier arrêt : Bienvenu à aperçu un troupeau d’éléphants à la sortie d’une forêt. Le soleil se fait moins fort, c’est le moment idéal ! Il fait sortir tout le monde des voitures et avancer à pas de loups pour se rapprocher. Bon, à part une trompe qui se lève et quelques barrissements, je ne vois rien… On repart un peu bredouille.

Alors que je regarde devant mes roues dans la lumière qui baisse, Bienvenu tape d’un coup sur sa porte en criant « RECULE ! RECULE ! » Je regarde devant moi et je vois un éléphant qui sort de la forêt avec un air mécontent : la trompe en l’air et les oreilles qui s’agitent, il lève une patte en arrivant sur nous ! Bienvenu me fait signe de partir à gauche, dans les herbes, et d’accélérer ! J’y vais sans hésiter, malgré Patrice qui lâche un petit « Ne cale pas hein 😆!  » OUF, l’éléphant, qui s’avère être une femelle avec son troupeau qui comprend des petits, ne nous a pas suivie longtemps. Bienvenu me dit de repartir vers eux…

  • « Maiiiiiiiis, ils ne vont pas nous charger ?? »
  • « Non, non » me dit-il sûr de lui.

Bon, ben j’y vais alors, je remonte vers le troupeau prudemment, mais sans doute pas assez parce que la femelle semble dérangée par notre présence : elle repart vers nous bien énervée !! Et ça court vite un éléphant : 40 à 50km/h quand même !! Je fais demi-tour dans les herbes et fonce tout droit, sans savoir où je vais, avec Bienvenu qui me crie à côté « ACCELERE ! ACCELERE ! C’est bon maintenant ». Je regarde dans mon rétro mais pas du tout ! Elle court toujours sur nous et Bienvenu qui s’y remet « ACCELERE ! ACCELERE ! » Je ne sais pas combien de mètres on fait avant qu’elle nous lâche, j’ai le cœur qui bat la chamade et des bouffées de chaleur. Quand enfin on peut s’arrêter, l’autre voiture nous rejoint et Bienvenu sort en rigolant, je crois qu’il a aimé ça ! Pour moi c’est bon, une fois ça suffit, je ne recommence pas ça demain 😅!

Jour 3

Un levé à 6h du matin, c’est presque une grasse matinée ! Aujourd’hui, après toutes les émotions de la veille, c’est journée sur l’eau : on doit décoller à 7h pour aller faire un tour en bateau sur le lac Conkouati. Après un petit problème d’essence à régler pour le bateau, on roule vers la réserve Help et on embarque dans un petit bateau à moteur qui nous emmène en balade pendant deux heures. Un varan traverse le bras du fleuve devant nous, en ne laissant dépasser que sa tête et sa queue. Les arbres qui bordent l’eau sont gigantesques, majestueux. C’est apaisant malgré le bruit de moteur du bateau.

Après un bon repas fait de poisson frais frits dans l’huile (un véritable délice, j’en ai mangé deux), on se prépare pour retourner à la réserve de Help et remonter en bateau, mais cette fois-ci pour accompagner les soigneurs qui nourrissent les chimpanzés ! Jérémie et Pavely ne viennent pas avec nous, c’est assez cher et ils l’ont déjà fait trois fois. Jérémie nous accompagne quand même sur le chemin, parce que sincèrement je suis incapable de refaire la route seule, tout se ressemble ! Arrivée au camp Help, c’est magnifique : ils ont vraiment bien aménagé les lieux tout en préservant la nature environnante. On suit les soigneurs chargés de bassines de fruits et légumes sur un ponton de bois qui nous mène à une barque, un peu plus grande que celle du matin. Il faut bien caser les énormes marmites pour nourrir les chimpanzés des trois îles ! Très vite on arrive près de la première île qui abrite deux mâles, dont Pépère le chef. On découvre la technique de nourrissage tout en discutant avec les soigneurs qui répondent à toutes nos questions.

La deuxième île abrite un groupe bien plus important : une quinzaine de chimpanzés, avec femelles et petits. Nous restons presque 1h à les observer manger, à rigoler devant la nonchalance des mâles, l’espièglerie des plus petits et les acrobaties de certains. Ils sont impressionnants d’expressivité et la nourriture les stimule : lorsque nous avons les bananes à portée de main, les plus gourmands se rapprochent au maximum en tendant la main, et si nous sommes trop long à leur lancer le fruit convoité, ils tapent dans l’eau pour se rappeler à nous ! On a été efficaces dans le lancer de bananes, pour le plus grand bonheur des enfants et des chimpanzés ! La troisième et dernière île abrite un mâle et 2 femelles. Ce mâle est estropié d’une jambe suite à un piège de braconnier, mais il est encore très agile ! Il a été le mâle alpha de la colonie de la deuxième île pendant 8 ans, mais aujourd’hui âgé de 44 ans, il a dû laisser la place à plus fort que lui. Il est officiellement à la retraite sur son île avec 2 femelles et il a l’air de s’en porter plutôt bien !

On commence à entendre l’orage gronder au loin et le ciel s’assombrit, il est temps de rentrer chez nous ! Mais avant de partir, nous devons aller rendre visite à Banane, le doyen des chimpanzés qui est en convalescence au camp dans une cage à cause de son arthrose. Il semble content de nous voir, enfin surtout nos chaussures (c’est un fétichiste des chaussures). Il nous tend la main, nous la sert, nous regarde avec des yeux reflétant une expression de tristesse, de gentillesse et presque de reconnaissance. Aucun de nous n’avais jamais vu un chimpanzé d’aussi près, et encore moins touché sa main rugueuse et si proche de la nôtre. C’est une expérience vraiment touchante !

Jour 4

La nuit a été éprouvante : l’orage est arrivé jusqu’à nous. Les éclairs illuminaient la chambre, le tonnerre faisait vibrer nos murs et la pluie sur le toit en tôle résonnait dans nos oreilles. Les boules quiès n’étaient d’aucune utilité, et nous ne pouvions même pas profiter vraiment de l’air frais que l’orage apportait : le vent claquait les volets qui refusaient de rester ouverts. Mais peu importe, ce soir on dort dans notre lit !

J’ai pu conduire sur les premières heures de route, passer les marres de boue, les zones de sable moelleux et de terre glissante, puis la piste aux cailloux qui secoue. Heureusement, le pique-nique a été pris avant et il n’y a plus de paquet de chips à sauter sur les enfants. La seule nourriture rapportée de notre séjour est une pastèque de 19kg qu’on se partagera à l’arrivée, et elle se trouve dans l’autre voiture. La route est bonne malgré l’orage de la nuit dernière et j’apprécie vraiment de conduire. Je roule doucement, ça me permet de revoir les paysages et les villages traversés à l’aller plus sereinement. Je suis malheureusement obligée de redonner le volant à Patrice après quelques kilomètres de goudron : je crains le contrôle de police à l’approche de Pointe-Noire.

Nous voilà de retour dans l’ambiance tumultueuse de la grande ville, les marchés bondés, les routes encombrées, les klaxons des taxis qui résonnent et les triporteurs qui pétaradent. Mais ce n’est pas aussi désagréable que nous l’aurions pensé en quittant le silence de la nature sauvage : on rentre chez nous et on n’est pas contre une bonne douche pour se laver de la poussière qui colle à nos peaux transpirantes, et surtout retrouver nos lits douillets !

L’équipée fantastique avec Mathias qui nous a accueilli et qui était aux petits soins pour nous !

2 réflexions au sujet de “L’aventure en brousse”

  1. merci ma fille de nous avoir fait vibrer en souriant à la lecture de votre escapade et de nous avoir fait revenir nos souvenirs du Togo avec le même genre d’expériences. j’en profite pour te demander s’il nous faut faire un test covid pour aller au congo  Bizzz Jean Pierre et Marie Claire Audrain          (Duo chantant R’k2) 1B rue Victor Pannetier 35690 Acigné Nouveau Tél.   06 16 04 47 93

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