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Les dernières lignes…

J’aurai très bien pu donner un numéro de chapitre à cet article, mais je crois que ça fait un moment que j’ai perdu le fil donc on s’en passera. Pourtant c’est un nouveau chapitre de notre vie qui s’ouvre à nous. Nous changeons d’aventure (j’entends d’ici certains qui ne peuvent s’empêcher de dire « Encore ! »😂), mais nous suivons toujours le même cap.

Est-ce que je suis malade ? Je suis incapable de rester au même endroit, je suis peut-être une éternelle insatisfaite, ou bien une idéaliste totalement déconnectée de la réalité. En y réfléchissant, ce sont les autres qui me font penser ça, car moi je me sens plutôt équilibrée dans ma tête et les pieds sur terre. Peut-être que c’est seulement une question de perception de la réalité qui n’est pas la même pour tout le monde, mais personnellement je me sens bien avec moi-même, je suis fière de ce que je suis et des choix que je fais. Je peux tout expliquer, même défendre ma mobilité professionnelle et géographique si un employeur m’interroge sur le sujet. Même si nos choix semblent irresponsables, fous, impulsifs aux yeux de quelques-uns, ils sont au contraire mûrement réfléchis et toutes (ou presque) les options sont envisagées. Ce n’est donc pas sur un coup de tête, même si l’annonce a pu sembler brutale, que nous avons décidé de quitter le Congo fin décembre.

Pour ceux qui ont suivi, je parlais de mon sentiment partagé sur notre vie dans mon dernier article En noir et blanc. On était fin octobre et je ne savais plus très bien si je pouvais projeter notre famille ici au Congo, ou ailleurs dans le monde. Se projeter, où que ce soit, c’est important pour moi, pour nous. Quand on sent que des choses sont possibles, que nous allons pouvoir trouver un équilibre qui permet à chacun de s’épanouir, profiter de la vie et de nos enfants tout en relevant des défis qui nous stimulent, alors on peut se poser. Je ne juge pas ceux qui cherchent la sécurité financière, les lieux connus ou la proximité de la famille pour s’installer, mais seulement ce n’est pas ce dont nous nous avons besoin. La nouveauté ne nous met pas en insécurité, les nouveaux challenges ne nous angoissent pas. Je ne dis pas que ça ne fait pas peur, l’inconnu a toujours une part d’inquiétant, mais ensemble on a construit une base solide qui nous permet de reconstruire au-dessus où que nous soyons (le fait que nous soyons attirés par les habitats légers joue surement en notre faveur, la construction est plus rapide et le démontage aussi 😜).

Alors oui, on va quitter un pays, des personnes qu’on apprécie, des lieux qu’on ne verra plus. Les enfants vont se séparer de leurs copains et enseignants qu’ils aiment. Nous ne pourrons plus sortir au restaurant en claquettes à tout moment de l’année pour manger devant la mer. Nous allons devoir remettre des chaussures fermées et des chaussettes ! Nous allons laisser Raïssa, Aymar, et tous les autres poursuivre leur vie sans nous. Nous avons un peu l’impression d’abandonner tous ceux qui comptaient sur nous, surtout nos collègues, avec qui nous avons pu nouer des relations particulières et qui avaient l’espoir que nous ferions changer les choses. Oui, tout cela va nous manquer, mais il nous faut tourner la page pour pouvoir écrire la suite. Nous étions arrivés au bout de ce que nous pouvions faire ici, trop d’incertitudes bloquaient nos perspectives : c’est là qu’il faut reconnaître qu’il est temps de partir. Même si c’est terriblement agréable de sentir le vent rafraichissant de la mer quand il fait 30°, d’entendre l’accent des enfants quand ils rentrent de l’école, de croiser chaque jour le sourire de ces personnes douées d’une résilience presque sans limites, de sortir à 6h du matin parce que c’est là que l’air est le plus agréable, d’admirer les couleurs brulantes du coucher de soleil quasiment tous les soirs, de saisir l’instant où un oiseau aux couleurs chatoyantes se pose sur le papayer devant notre fenêtre. C’est bientôt fini, mais on l’aura vécu, et on ne regrette rien.

On est même soulagé de partir avant que ça n’aille plus, que nous n’ayons plus d’argent pour acheter notre billet de retour, que nous ne puissions plus payer l’école des enfants, qu’il nous arrive un problème de santé que nous ne pourrions pas faire soigner. On peut partir tranquilles, repus de notre aventure congolaise, avec la sensation d’avoir fait ce que nous pouvions ici mais que ce qui viendrait après n’est plus pour nous. On est contents de retourner plus proches de notre famille, de nos amis, de retrouver ces relations réconfortantes de personnes qui nous connaissent et n’essayent pas de nous changer. On redoute un peu le froid et les saisons, tout en étant impatients de se lover sous un plaid avec des grosses chaussettes et un chocolat chaud, ou d’aller se promener en forêt pour admirer les couleurs de l’automne. Professionnellement nous ne sommes pas vraiment inquiets non plus, nos expériences en France ajoutées à celles d’ici font de nous de meilleurs personnes encore plus capables de s’adapter. Surtout que nous connaissons la France, nous repartons sur un terrain connu, nous maitrisons les ficelles et nous sommes confiants. Nous sommes maintenant tout excités de nous imaginer dans une nouvelle vie, quelque soit l’endroit où nous allons atterrir, un endroit où l’école est gratuite, les soins pris en charge, le code du travail respecté, les semaines à 35h. Tout ça nous fait presque rêver ! Mais puisqu’on aime vivre notre vie au lieu de la rêver, on revient en France avec l’envie de se poser, surtout pour les enfants qui grandissent et le collège qui approche pour Naël. On s’était dit qu’à l’approche de l’adolescence il serait important de laisser la chance à nos enfants de nouer des relations amicales sur la durée, pour leur construction identitaire et leur équilibre émotionnel. Ce n’est pas encore leur demande mais ce moment approche à grands pas, alors nous allons trouver comment concilier notre désir de voyage et de rencontres avec leurs besoins d’ancrage et de stabilité. C’est possible, croyez-le ou non, mais on a notre petite idée 😉.

L’aventure de notre vie continue, même si nous n’avons plus de camping-car et que nous quittons l’exotisme de l’Afrique. La vie est une aventure, à chacun de choisir celle qu’il veut vivre. Je vous partagerai la suite de la notre très bientôt je l’espère, nous poserons les pieds en France le 01/01/2024, prêts à attaquer cette nouvelle année pleine de promesses ❤! A très vite 😊!

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